Warm smell of colitas | Goran

La journée avait été assez remplie, deux funérailles aillant eu lieu sur place, obligeant Dahud à se mêler aux autres et à s’assurer que les corps étaient parfaitement présentables à leurs familles endeuillées. La frénésie avait cependant finie par se calmer si bien que le jeune homme avait pu retourner dans la morgue, qui était un peu comme son sanctuaire. Là, il avait quelques amis dont il devait s’occuper. Une vieille dame qui s’était éteinte du sommeil du Juste, un homme qui avait succombé à un régime trop riche et enfin, une adolescente. La pauvre était la dernière victime en date d’un homme qui faisait tourner en bourrique aussi bien la police que les fédéraux et le B.R.I.S. Mais Dahud n’avait que faire des circonstances de sa mort, aussi triste soit elle, il était là pour la rendre belle une dernière fois afin qu’elle laisse derrière elle un souvenir moins brutal que son meurtre. Et il avait bien l’intention d’y mettre toute son âme, en prenant garde cependant à ne rien faire pour la réveiller accidentellement. Comme cela lui arrivait parfois.

Il avait fini de remplacer le sang par le liquide d’embaumement et avait commencé à laver doucement le corps en chantonnant doucement en irlandais. A dream only I can know était une très vieille chanson de son pays et la jeune femme semblait apprécier s’il en croyait son petit sourire alors que sa forme translucide observait le travail qu’il effectuait sur son enveloppe charnelle. Une fois séchée, il lui enfila la jolie robe que sa famille lui avait donnée, cachant les cicatrices qui maculait son corps, aussi bien dues au tueur qu’à l’autopsie. Puis il lui appliqua un fond de teint spécial avant de commencer à la maquiller, écoutant ses conseils lorsqu’elle lui pointait du doigt les couleurs qu’elle souhaitait voir sur son visage.

Il était tellement prit par son travail qu’il ne s’aperçut pas qu’on l’observait, son attention toute entière dévouée à sa patiente du moment, accompagnés des gestes gracieux de l’habitude et de la mélodie lancinante qui s’échappait de ses lèvres.

-[…] Eist le mo chroí/Is é leanúint ailsing'/Is é ag gabháil go háit …